3 articles issus du numéro 10 de notre revue annuelle « Le PAYS de SAINT-BRIAC » (2021)

Actualité, Patrimoine

Extraits de la revue « Le Pays de Saint-Briac »
n° 10 de 2021.

        SAINT-BRIAC, NAISSANCE D’UNE PAROISSE

Depuis le très réputé monastère gallois de l’abbé Tugdual, le moine Briac serait arrivé en Armorique, au VIe siècle, avec les émigrants bretons d’Outre-Manche. En évangélisant un groupe gaulois habitant sur la rive droite du Frémur, et en bâtissant à cet endroit une chapelle, Briac aurait été à l’origine de la paroisse de Saint-Briac.Nous n’avons pas la preuve de cet événement, même pas dans la Vie écrite de Briac, qui date du XVIIe siècle. Il y eut sans doute au Trégor un Briac qui fonda un monastère au sud de Guingamp (Bourbriac, aujourd’hui). Mais l’existence d’une très ancienne chapelle au lieu-dit depuis La Chapelle, semble avérée. En réalité, l’histoire de la naissance de notre paroisse est plus compliquée ! Il a fallu passer par une Plou bretonne, construire une église et attendre que soit établie l’autorité d’un évêque sur son diocèse.

 

Revues Le Pays de Saint-Briac éditées par le C.A.C.E
1-Une « Plou » d’origine :

Les structures armoricaines mises en place par les Romains s’effondrent après leur départ. Devenus majoritaires dans la péninsule, les émigrants bretons (Ve/VIe/VIIe siècles) installent des structures nouvelles et apportent la religion chrétienne.

Trois royaumes, tout d’abord : la Domnonée (côtes nord), la Cornouaille (ouest) et le Bro Waroc (côtes sud). Ces royaumes sont divisés en « Pays », souvent inspirés des anciennes divisions gauloises puis romaines ; ainsi le Pagus Daoudour (Pays des deux Eaux), pour ce qui concerne notre région, dans la partie est de la Domnonée (le nom deviendra Poudouvre).

Sept « évêchés » : Dol, Alet (Saint-Malo), Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Vannes. La tradition veut qu’ils aient été créés par les sept saints fondateurs de la Bretagne chrétienne : Samson, Malo, Brieuc, Tugdual, Pol, Corentin et Patern. Si leur existence semble avérée, il ne s’agissait pas d’évêques tels que nous les comprenons aujourd’hui, mais plutôt, selon la tradition Outre-Manche, d’abbés-évêques ayant fondé un monastère dont l’influence spirituelle a rayonné sur un territoire. Sous influence franque, Rennes et Nantes, les deux autres évêchés, ont des évêques depuis le Ve siècle, dépendant du Métropolitain de Tours.

La création la plus originale des Bretons est la Plou. Elle constitue à l’origine une communauté de fidèles. L’organisation se fait peu à peu, du VIe au VIIIe siècle. Il semble qu’au début, le (ou les) prêtre(s) prend (prennent) en charge des groupes de fidèles éparpillés en utilisant un autel portatif. La structuration des Plous se fait à partir d’un centre où est construit par les fidèles une église, simple bâtiment souvent en bois et torchis. Le sens de Plou évolue vers celui de « territoire chrétien occupé par un groupe de fidèles ».

Le pouvoir civil est assuré par un machtiern (du breton mach, « gage », et tiern, « chef »), souvent descendant du premier chef de clan et dont la fonction devient de

plus en plus héréditaire. L’église est le lieu de rassemblement pour la messe et les sacrements ; chaque communauté est desservie par un clergé important, indépendant au début d’une éventuelle autorité épiscopale et souvent issu des familles de la Plou ; ce clergé est impliqué dans la vie spirituelle, mais aussi économique et juridique. Au XIe siècle, le pape Léon IV reconnaît tardivement la fonction baptismale des Plous bretonnes.

L’origine bretonne d’une Plou est le cas le plus fréquent. On les reconnaît au préfixe Plou, qui peut être déformé en Plo, Ple, Plu, Ploe, Poul…souvent associé au nom d’un ecclésiastique ayant ou non un rapport avec la fondation de la Plou. Ainsi, dans notre environnement proche, Pleurtuit (fondée au VIIe siècle ?) et Ploubalay.

L’origine peut aussi être une installation bretonne sur des structures existantes à leur arrivée, ayant déjà un nom et souvent placées par les Romains sur des itinéraires antiques dans des buts administratifs et militaires. Leur nom n’est pas associé à celui d’un religieux. Par exemple, non loin de chez nous, Corseul et Alet.

Les historiens ont considéré ces Plous comme nos « Paroisses primitives », aux territoires étendus. Pleurtuit couvre avant le XIe siècle les communes actuelles de Pleurtuit, Dinard, Saint-Lunaire, Saint-Briac, La Richardais, Le Minihic et Trémereuc ; Le préfixe Ple est associé à la déformation du nom de Iltut, abbé gallois très réputé auprès des Bretons. « Immense, le Plou borne l’horizon de la vie et de la sociabilité de la grande majorité des Bretons » au IXe siècle (Joël Cornette : « Histoire de la Bretagne et des Bretons », 2005).

Une paroisse primitive associe une « église mère », lieu de rassemblement obligatoire des fidèles pour les grandes occasions chrétiennes, et un cimetière situé autour de cette église. Il peut exister des lieux de culte secondaires pour les hameaux éloignés du bourg, souvent des chapelles tenues par un ecclésiastique. Ce devait être le cas pour la future paroisse de Saint-Briac.

La grande paroisse primitive de Pleurtuit avant  le XIe  siècle, dans le cadre du Poudouvre. (Saint-Briac en pointillés)

2-La construction d’une église :

   Au IXe siècle, le terme de machtiern disparaît peu à peu. Mais ils sont bien là, grands propriétaires terriens, souvent au service des Princes contre une charge publique. On peut commencer à parler de noblesse. Le Comté d’Alet naît à la fin du Xe siècle. Le système féodal est en voie de constitution ; il s’organise sur la propriété des terres et le rôle militaire de protection des habitants, à l’origine de droits et emprise sur eux. Il se matérialise souvent par un château rudimentaire, ou « motte castrale » (Xe/ XIe/ XIIe), dans l’enceinte de laquelle vient s’abriter la population en cas de danger (et, en Bretagne, le souvenir des Vikings est vivace et cuisant !).

Les premières églises en pierres ne sont avérées que seconde moitié du Xe siècle. Les années 950 à 1250 connaissent en Europe une clémence climatique (« optimum climatique médiéval », ont dit les historiens) qui favorise qualité et constance des récoltes, ainsi que le commerce. C’est sans doute ce qui a permis au peuple de supporter les ponctions importantes opérées par les seigneurs et l’Eglise. Dans les villes, c’est le temps des cathédrales, des châteaux et des remparts. En Bretagne, la campagne se couvre de manoirs et d’églises romanes, entourées de leurs enclos. Celles-ci sont souvent décidées et partiellement financées par le seigneur, symboles d’un nouveau territoire et d’une propriété de la dîme.

Ainsi, le seigneur de Ponthual fait construire la vieille église de Saint-Lunaire en 1080. Nous n’avons pas autant de précision pour la première église de Saint-Briac, mais elle doit dater de la même époque ; fin XIe ? Début XIIe ? Et peut-être à l’initiative des mêmes seigneurs de Ponthual ; en effet, en 1259, Olivier de Ponthual offre les dîmes de « Sancto Briaco » au chapitre de Saint-Malo, dans le cadre du vaste mouvement de récupération des églises par l’évêché. Mais posséder les dîmes ne veut pas dire nécessairement avoir été le créateur de l’église.

Nous savons peu de choses sur cette église, qui devait se trouver au même endroit que celle d’aujourd’hui. En 1319, un chanoine de Saint-Malo écrit que les revenus de « l’ecclésia de Santi Briaci » sont de 55 livres et 6 sols, dont la moitié va au recteur local. En 1481, la famille de Pontbriand revendique ces dîmes, soit 1200 livres, dont 300 pour le recteur. En 1594, un inventaire, qui figure sur le registre paroissial, mentionne une croix d’argent, trois calices d’argent et un gros cierge béni. L’église était-elle dédiée à Briac ? Possible mais pas certain ; un concile de 664 a décidé que les paroisses bretonnes seraient placées sous le patronage d’un des apôtres.

A quoi ressemblait cette église ? Nous ne pouvons que supposer à partir des rares églises de cette époque qui existent encore dans notre région. Certainement une modeste église romane à nef rectangulaire et petites ouvertures, à chevet plat, charpente en bois et peut-être toit de chaume, portail en granite (au mieux ouvragé), petit clocher. A-t-elle été agrandie et remaniée aux XIVe et XVe siècles, comme celle de Saint-Lunaire ? C’est probable également ; avant sa reconstruction au XVIIe siècle, les seigneurs du Breil de Pontbriand y revendiquent une chapelle « prohibitive ».

Proches de Saint-Briac, les églises romanes des XIe/XIIe siècles sont aujourd’hui malheureusement rares. La vieille église de Saint-Lunaire, remaniée aux XIVe et XVe siècles. La vieille église de Saint-Lormel, près de Plancoët. Quelques éléments de l’église de Trégon. Les restes (petit clocher) de la vieille église de Lancieux

Vieille église de Saint-Lormel

Le dimanche 7 décembre 1794 a lieu à Saint-Briac, vers deux heures du matin, un débarquement de plusieurs émigrés, conduits par le colonel chouan Dufour, originaire de Saint-Coulomb. Dufour est un habitué de ces traversées; il vient de faire deux fois le trajet Jersey-Saint-Briac en octobre et novembre, sans problèmes. Une fois débarqués, les hommes transportent leur cargaison de poudre et armes à la « maison de correspondance » habituelle, qu’ils connaissent bien, au lieu-dit Macherel où se trouvent deux maisons isolées. Mais les choses, cette fois, ne se passent pas bien !

3-L’autorité d’un évêque :

La présence d’évêques à Alet (Saint-Servan) et Dol n’est avérée qu’au IXe siècle.  Avant le XIe, la majorité des églises dépend des élites civiles locales, souvent à l’origine de leur fondation. Aux XIe et XIIe siècles se produisent deux événements majeurs : le « bâtiment église » est défini comme consacré à Dieu (ce qui entraîne sa soumission à l’autorité religieuse), et les évêchés, tels que définis jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, se mettent en place sur des limites territoriales qui ne sont plus celles des anciens « Pays ». Ainsi, l’évêché d’Alet descend loin vers le sud, jusqu’à Ploërmel et Guichen.

C’est une conception nouvelle de l’Eglise qui se met en place ; elle n’a pas seule vocation à conduire les mortels vers leur salut dans l’au-delà, mais aussi à encadrer la société pour y faire régner un ordre chrétien. Les Papes mettent en œuvre la réforme dite « grégorienne », du nom de Grégoire VII (1073-1085) ; le synode romain de 1050 décide que les laïcs doivent remettre au Clergé les églises. A partir du XIe siècle, mais surtout au XIIe, s’opèrent des transferts (dits « restitutions ») d’églises des mains laïques au patrimoine monastique ; ces transferts passent obligatoirement par l’aval de l’évêque. Ce fut le cas dans le diocèse d’Alet avec les évêques Donoald (1120-1142) et Jean de Chatillon (1142-1163). L’Eglise s’émancipe du pouvoir temporel, en particulier par le statut des prêtres ; elle multiplie les redevances, le cadre de recouvrement étant la paroisse ; le mouvement des dîmes vers l’Eglise est plus lent, car c’était une importante ressource pour les seigneurs.

La cathédrale devient « église-mère », créatrice de toutes les autres. Dès sa nomination en 1142, Jean de Chatillon entreprend de reprendre l’église de « Saint-Malo de l’lIe » aux moines de Marmoutier, obtient gain de cause du Pape (1146) et transfère le siège de l’évêché sur le « rocher ». Une hiérarchie territoriale est mise en place. Le diocèse de Saint-Malo est divisé en deux archidiaconés : Dinan au nord, Porhoêt au sud. Celui de Dinan est à son tour divisé en huit doyennés.

Le doyenné de Poudouvre est créé au XIIe siècle ; il consacre un démembrement des grandes paroisses primitives et la création de nombreuses nouvelles paroisses, pour arriver à un total de 24. Il faut rapprocher les fidèles des lieux de culte, affaiblir l’autorité des grandes paroisses primitives et satisfaire les ambitions féodales en découpant des territoires (réorganisation de la vicomté de Poudouvre vers la même époque par les seigneurs de Dinan, voir article suivant sur la seigneurie de La Houlle). C’est ainsi qu’est créée la paroisse de « Saint Briac», après celles de Ponthual (Saint-Lunaire) et de Saint-Enogat, ce qui reste de Pleurtuit devenant paroisse sur le même plan que les autres. Le nom des nouvelles paroisses est très probablement choisi par l’évêque, soit en conservant l’appellation bretonne (par exemple Ponthual), soit en attribuant un nom de saint en souvenir des moines et prêtres bretons devenus « saints ». C’est l’évêque qui décide jusqu’au XIIIe siècle d’accorder ce statut aux nombreux « fondateurs» bretons de l’Eglise chrétienne en Armorique.

 

La paroisse reste jusqu’à la fin de l’Ancien Régime la circonscription de base de l’organisation du territoire. Les règles de fonctionnement sont déterminées dans l’évêché de Saint-Malo par les évêques Jean de Chatillon, puis Pierre de Fougères (1210-1222). Les églises relèvent de l’autorité de l’évêque. L’église paroissiale, dirigée par un recteur, contrôle l’administration des sacrements ; le baptême et l’inhumation marquent l’entrée dans l’Eglise des vivants, puis dans celle des morts. La communion s’impose comme sacrement paroissial, la confession et son secret confortent la position du recteur. Le lieu de domiciliation d’un fidèle détermine son appartenance à une paroisse ; au XIIe siècle est décidée l’obligation de se faire enterrer autour de l’église ; ainsi naissent les contours territoriaux de la paroisse, avec son enclos paroissial au centre.

Pour fonctionner, la paroisse prélève la dîme, fait payer ses services et reçoit des dons. Le recteur en conserve une partie, le reste va à l’évêché en échange du « saint-chrême », indispensable pour l’exercice des sacrements. Le recteur est aidé dans la gestion matérielle de la paroisse par un conseil de notables, qui prendra le nom de « fabrique ».

S’il ne peut y avoir qu’une église paroissiale (avec éventuellement des chapelles), il peut y avoir plusieurs seigneurs sur le territoire d’une paroisse, le regroupement du pouvoir civil se faisant pour le doyenné de Poudouvre par la Sénéchaussée de Dinan.

Notre commune de Saint-Briac est largement l’héritière de cette organisation territoriale mise en place aux XIe et XIIe siècles, même si le rôle de l’édifice église a profondément changé et si nous n’appartenons plus au Pays de Dinan mais à celui de Saint-Malo.

 

Bernard de Coux

 

Sources :

« Du diocèse à la paroisse, évêchés de Rennes, Dol et Saint-Malo », Anne Lunven, 2014

« Histoire de la Bretagne et des Bretons », Joël Cornette, 2005

Bulletin Paroissial, Saint-Briac (qui paraissait entre les deux guerres).

 

 

L’ANCIENNE SEIGNEURIE DE LA HOULLE

       (du XIIe siècle à la Révolution)

     Notre quartier de La Houle tire son nom d’une ancienne ferme, située derrière l’hôtel du même nom. La maison, reconstruite au XVIIIe siècle, constitue le seul bâtiment encore debout d’un ensemble qui comprenait jadis un manoir, une ferme et ses annexes, une chapelle et un colombier. Cet ensemble fut durant plus de 700 ans la tête d’une petite seigneurie, qui s’étendait du Bourg à La Chapelle, englobant la presqu’île du Nessay et l’île du Perron. Elle était adossée à l’est à la seigneurie de La Garde. Des quatre petites seigneuries qui composaient la paroisse, celle de La Houlle (ainsi orthographiée) fut la plus importante sur le plan féodal, car elle comprenait une haute justice avec fourche patibulaire à quatre piliers sur le Nessay.

Bien que tout petit territoire agricole de quelques dizaines d’ha de terres arables, le fief de La Houlle a toujours appartenu à de puissantes familles nobles, étrangères à Saint-Briac et n’a jamais engendré une famille du nom de LA HOULLE.

Précisons trois notions, avant de poursuivre :

Le régime féodal : il faut distinguer les notions de fief et de seigneurie. Le fief est une terre noble donnée à un vassal en échange du service armé (terre noble : exempte de toutes redevances). La seigneurie est un ensemble de droits perçus par le seigneur sur des sujets soumis à son autorité. La Houlle fut  un fief et la principale seigneurie de Saint-Briac.

Le mot houlle-houle- houl  date du temps des Vikings au Xe siècle. Il se retrouve par exemple en Normandie (Houlgate) ou à Cancale (quartier de La Houle). Il signifie « creux », et donc un abri pour les marins. C’est l’anse du Béchet, principal port briacin.

Le siège de la seigneurie : dans les anciens « aveux », il est écrit que La Houlle fut le siège d’un «  château et forteresse ». Il n’en reste aucune trace apparente. Où se trouvait-il ? La tradition l’a placé au Nessay, au motif qu’il y eut là jadis une « justice à 4 piliers ». A notre avis il n’en est rien : le Nessay ne peut être confondu avec le Manoir noble de La Houlle et toutes les cartes anciennes font figurer le « château » de La Houlle à l’arrière de l’actuel hôtel du même nom (voir plus loin un exemple de carte, celle de  1776).

1-REMONTONS AUX ORIGINES

A l’aube du XIIe siècle, le territoire de Saint-Briac fait partie d’une vicomté, le POUDOUVRE, créée par le duc de Bretagne Alain III (1008-1040) et aux mains des BRIANT (écrit aussi BRIAND et BRIENT). Une guerre féodale éclate entre le comte de Penthièvre, soutenu par les BRIANT, et l’archevêque de Dol, soutenu par les DINAN…Résultat du conflit : Geoffroy I de DINAN s’empare du Poudouvre et évince les BRIANT. Puis la situation se stabilise en 1170 par le mariage de Geoffroy II de DINAN avec l’héritière Muriel de POUDOUVRE. Désormais les DINAN sont vicomtes de Poudouvre ; ce sont eux qui vont organiser la féodalité sur ce territoire.

2-NAISSANCE DE LA SEIGNEURIE DE LA HOULLE au XIIe siècle

Il est impossible de dire avec certitude qui de Geoffroy II (1120-1179) ou de son  fils Rolland I (1167-125?) organise le Poudouvre. Il fallait :

D’abord garantir les frontières du Poudouvre par une chaîne de châteaux, et donc combler les vides par de nouvelles places fortes. C’est le cas du château du Bois-Bily entre Jugon et Plancoët, du château de Plouer entre Dinan et Dinard, et donc aussi de La Houlle entre Dinard et Le Guildo. Comme il ne reste rien de La Houlle, ce ne fut sans doute pas une « motte castrale », mais plutôt une « maison forte » (« ferté »).

Ensuite administrer les populations, c’est à dire prélever les taxes, dîmes, droits et rendre la justice. On la confie soit à un membre de la famille ou d’une famille alliée, soit à une famille noble locale. Pour Saint-Briac, c’est le choix, au départ, d’un membre de la famille. Par la suite, la dévolution de La Houle s’est faite aux mains de familles de plus en plus éloignées des DINAN, mais toujours de haut lignage. C’est la raison pour laquelle le fief de La Houlle est devenu la principale seigneurie de Saint-Briac.

Cette dévolution passe par trois phases chronologiques : par le biais des héritages, puis par une cascade de ventes, enfin par l’incorporation dans le comté de Pontbriand.

 

 

3-LA DEVOLUTION DE LA HOULLE, XIIe – XVIe siècles

Première phase : entre les XIIe et XVIe siècles, La Houlle passe entre les mains de plusieurs familles nobles par le biais des héritages.

1° famille, les de Dinan Montafilant :

Rolland Ier de DINAN-MONTAFILANT (1180-1250 environ), fils de Geoffroy II et de Muriel de POUDOUVRE, est aussi vicomte de Poudouvre. Cette branche des DINAN s’arme de « de gueules à 4 fusées d’hermine en fasce accompagnées de 6 tourteaux de même ». Il place des garnisons dans ses châteaux de Jugon, Plancoët, la Motte Poudouvre (en Dinard) et sans doute La Houlle en Saint-Briac. A sa mort, ses deux fils deviennent co-partageants de la vicomté du Poudouvre. L’aîné, Geoffroy III, habite le « castellum » de Montafilant (près de Corseul) ; le cadet, Raoul, se marie avec Philippe de LA BELLIERE et s’installe à Pleudihen.

2° famille, les du Chastellier :

Raoul n’a qu’une fille, Perrine de DINAN-POUDOUVRE, qui épouse Alain II du Chastellier vers 1260 et fait passer le fief de La Houlle entre les mains de cette famille pour cinq générations. La famille vit au manoir de Briancien en Ereac. De haut lignage, elle est liée aux Dinan depuis un siècle. Elle s’arme « d’or au chef de sable chargé d’un lambel d’argent ».

Le fils d’Alain II s ‘appelle Raoullet ; il épouse Mahaut de PLOUER, dont la famille est également liée par mariage aux DINAN. Le fils de Raoullet épouse vers 1335 Amice  de LEON, fille du vicomte de Léon ; encore un grand mariage. Et le petit fief de La Houlle avec sa « maison forte » ne peut en aucun cas convenir comme lieu d’habitation.

Nous arrivons ainsi à la dernière génération en ligne directe des Chastellier à l’aube du XVe siècle ; il s’agit d’ Alain III du Chastellier. Il n’a pas d’héritier, La Houlle passe à sa sœur Jeanne qui épouse vers 1420 Jean d’ELBIEST.

3° famille, les d’Elbiest :

Cette famille de la région nantaise est d’installation récente dans le duché. Gilles Delbiest, chevalier flamand, entre au service du duc de Bretagne. Capitaine de Nantes, il achète la seigneurie de Thouaré (sur Loire) et épouse Jeanne de La Lande, Dame de Guignen. Leur fils Jean d’Elbiest (1390-1465) est le grand homme de la famille. Proche du Duc Jean V, il obtient que la seigneurie de Guignen soit érigée en vicomté. Par son

mariage avec Jeanne du CHASTELLIER vers 1420 il devient aussi seigneur de La Houlle. Le couple habite le château de Thouaré. Pourtant Jean d’ELBIEST tient à laisser son empreinte à Saint-Briac: il fait ériger dans l’église une chapelle avec un litre (la litre est un bandeau noir sur lequel figure le blason de la seigneurie). Nous en avons le souvenir bien visible, puisque cela nous vaut d’avoir le blason de cette famille sur un vitrail de notre église : « d’argent à la bande de gueules chargée de 3 coquilles d’or ».

Le sens de cette action est clair : tout domaine de Jean d’Elbiest doit montrer son importance sociale. Ainsi de petit fief, La Houlle devient à partir du XVIe siècle la seigneurie la plus marquante de la paroisse. Elle reste dans cette famille trois générations. La petite fille de Jean, Marguerite d’ELBIEST, vicomtesse de Guignen, épouse en 1506 Jean de SAINT AMADOUR (parfois écrit Saint Amateur).

4° famille, les Saint Amadour :

C’est une puissante famille d’Anjou, dont les mariages avec des familles bretonnes de haut lignage les font arriver au service des rois de France. Ainsi, Guillaume de SAINT AMADOUR est Grand Chambellan du roi Charles VIII.

Son fils Jean de SAINT AMADOUR marque aussi Saint-Briac de son empreinte (1463-1538). Capitaine de 100 archers de la garde personnelle d’Anne de Bretagne en 1498, il obtient ensuite la charge de Grand Maître des Eaux et Forêts du Duché de Bretagne, puis en 1506, sous le règne de Louis XII, celle de Grand Veneur de Bretagne.

En 1513 il fait « aveu » de ses possessions à son souverain ; cela nous vaut le premier document sur La Houlle, conservé aux archives de Loire-Atlantique. Nous apprenons ainsi que la Maison Forte de La Houlle n’existe plus, victime du désintéressement de ses propriétaires successifs : le lieu est désigné sous l’appellation de « emplacement de chasteau et forteresse ».

Dans l’ouvrage bien connu du dominicain Augustin du PAZ (histoire généalogique de plusieurs Maisons de Bretagne, 1619), nous apprenons également qu’il a obtenu du roi François Ier le privilège que sa vicomté de Guignen dispose d’un droit de haute justice. Il y fait installer des fourches patibulaires à quatre piliers, des « ceps », un collier et une prison. La seigneurie de La Houlle a bénéficié de ce droit et une fourche à quatre piliers a été édifiée sur le Nessay. Ce droit existait-il déjà avant ?

La seigneurie de haute justice de La Houlle passe ensuite à son fils Claude de SAINT AMADOUR, qui n’a qu’une fille, Renée, mariée au puissant baron de La Hunaudaie, François de Tournemire. Malheureusement ce couple n’a pas d’enfant. Ainsi la dévolution par héritage s’arrête.

Blasons des Chastellier d’Elbiest Saint Amadour

4- XVIe/XVIIe SIECLES, NOUS ENTRONS DANS LA PHASE DES VENTES.

L’abbé LEMASSON, dans un opuscule de 1934 sur la féodalité à Saint-Briac, nous apprend que vers 1500, le fief de La Houlle est « tenu » par Jean LE BRET, seigneur de Launay. S’agit-il d’un intendant de François d’Elbiest ? Si c’est le cas, il n’est sans doute pas le premier, car les grands seigneurs avaient besoin d’intendants pour gérer leurs nombreux domaines. Il habitait sans doute le manoir qui avait remplacé la maison forte. Un échange de terres est effectué vers 1520 entre le couple François de TOURNEMIRE et sa femme Renée de SAINT AMADOUR, d’une part, et sa cousine Françoise de MALESTROIT, veuve de Jean de COETQUEN, d’autre part. Au milieu du XVIe siècle, Jeanne de COETQUEN, sa fille, est donc en possession de La Houlle. En seconde noce elle a épousé Claude du CHASTEL, baron de KERLEC’H ; leur fille Claude épouse en 1591 le marquis François III de KERGROADEZ.

La Houlle change quatre fois de mains :

   1-Une première fois donc vers 1520 avec Françoise de MALESTROIT.

 2-Une seconde fois en 1598, avec François III de KERGROADEZ. Il achète la seigneurie à Jeanne de COETQUEN. Les deux familles ont rallié Henri IV lors de la guerre de la Ligue et en ont été récompensées. En 1598, Henri IV accorde une forte somme d’argent à François de Kergroadez, et érige sa terre en marquisat. Celui-ci fait construire un magnifique château et achète des terres, dont La Houlle. Cela nous vaut en 1600 un aveu très complet de celle-ci. Il y est écrit que ce fief comprend un « emplacement de chasteau et forteresse » et à proximité « maison et manoir noble, métairie noble avec grand bois de décoration, verger, garenne à colniz (lapin), port et havre du Béchet et lîle Nychot en laquelle est plantée justice à quatre piliers » et, plus loin, le document indique chapelle, colombier, moulin à eau, moulin banal (l’actuel moulin de La Houle) et diverses pièces de terres, comme le « champ de la vigne » (aujourd’hui rue de la Vigne).

 

      

Carte de 1776, montrant l’emplacement du « château » de La Houlle

   3-une troisième fois en 1620 avec Sébastien de ROSMADEC.

François III meurt en 1617, son fils François IV hérite de La Houlle et la vend à son beau-frère Sébastien de ROSMADEC, qui détient 27 titres de noblesse, parmi lesquelles marquis de Rosmadec, comte de la Chapelle, vicomte du Besso et baron de Molac et de Porteric. En 1621, il devient président de la noblesse aux Etats de Bretagne. Ce qui nous intéresse ici, c’est le titre de baron. La Houlle appartient à un baron à partir de 1620.

4-une quatrième fois : par contrat du 6 novembre 1628, la terre (et baronnie) de La Houlle est vendue à messire René du Breil, seigneur de Pontbriand, déjà propriétaire du fief de La Garde à Saint-Briac, contigu à celui de La Houlle. C’est pourquoi, dès 1629, René du Breil rattache la Garde à La Houlle.

 

5-DERNIERE FAMILLE SEIGNEURIALE, LES DU BREIL DE PONTBRIAND

En un siècle et demi (1628-1781), ils modifient le paysage féodal en s’imposant comme l’unique famille seigneuriale de la paroisse, et en devenant la famille aristocratique la plus puissante des rives de la Rance à celles de l’Arguenon.

Les du Breil sont une très vieille famille du Penthièvre. Le premier ancêtre connu est Guillaume, sénéchal à la cour des comtes de Penthièvre en 1122. Cette famille a pour blason « d’azur au lion d’argent, armé, lampassé et couronné de gueules ». Elle a acquis au fil du temps honneurs et charges.

Au XVe siècle, trois frères occupent de hautes charges. Olivier du Breil, seigneur du Chalonge, conseiller des ducs de Bretagne, est procureur général de Bretagne en 1442 ; il est envoyé à Rome comme ambassadeur. Son frère Charles est procureur du duc à Dinan. Le troisième, Rolland, seigneur du Rays, reçoit la charge de président des parlements de Toulouse, puis Bordeaux et enfin Rennes ; il a reçu en héritage la seigneurie du Rays en Ploubalay. Voilà donc notre famille du Breil possessionnée tout près de Saint-Briac.

Le fils de Rolland Ier , Rolland II du BREIL, seigneur de Rays, est sénéchal de Rennes. Il a cinq fils ; l’un d’eux, Guyon du Breil, petit gentilhomme, hérite de Rays et épouse Marie LE DOS, fille de CHARLES LE DOS, sieur de Belleville en Saint-Briac. Est-ce le lien qui va pousser son fils Julien à s’implanter à Saint-Briac ?

Julien du BREIL…puis du BREIL de PONTBRIAND (1515-1587)

C’est un esprit entreprenant et fier, ce Julien. Il acquiert des charges qui le placent avec éclat en position dominante dans la famille. Il fait un beau mariage en épousant en 1551 Marie FERRE, fille de Bertrand Ferré, seigneur de La Garaye (en Taden) et du Pin (en St Carné) et de Perronnelle de GUEMADEUC. Deux familles aristocratiques très riches de la région. Petit seigneur de La Marre et des Aunais, il devient seigneur du Pin. Par les appuis de son entourage, il est nommé gouverneur de la ville de Redon ; puis il reçoit la charge de « Maistre de camp d’infanterie » du roi Henri III. Il finit sa vie avec la charge honorifique de « gentilhomme ordinaire » de la chambre du roi.

Et surtout, il devient seigneur de Pontbriand en Saint-Briac et Pleurtuit :

–premier acte en 1551 : il achète le fief de La Garde à Charles de BEAUMANOIR, vicomte du Besso, qui vient de le recevoir en héritage et veut s’en séparer.

–Deuxième acte en 1556 : seconde opportunité, il achète la terre et manoir du Pontbriand, qui avoisine La Garde, à sa cousine Antoinette, qui vit loin de là en Poitou et veut s’en débarrasser également ; il devient ainsi seigneur de Pontbriand.

–Troisième acte : quelques années plus tard, il fait construire un manoir tout neuf, dans une position plus riante, au bord du Frémur, en limite des paroisses de Pleurtuit,

Ploubalay et Saint-Briac, en un lieu appelé La Métrie. Les générations suivantes poursuivent son œuvre d’implantation locale, notamment en construisant un puissant château-fort, le Grand Pontbriand, à la place du manoir. En juin 1590, les Pontbriand étant restés fidèles au nouveau roi Henri IV, le château est assiégé et ses remparts démantelés par les forces de la Ligue ; le roi Henri et ses successeurs en seront toujours reconnaissants à la famille du Breil, dont la seigneurie est promue au rang de châtellenie en 1598.

En 1650, La Houlle finit par être incorporée au comté de Pontbriand.

La seigneurie des Du Breil de Pontbriand est érigée en comté par Louis XIV en 1650. Désormais, La Houlle en devient un simple petit élément,  ce  qui  n’empêche pas René

 du Breil de Pontbriand (1575-1664) d’ajouter à ses nombreux titres celui de baron de La Houlle. Avec l’achat en 1667 de la petite seigneurie DE SAINT BRIAC (La Ville-au-Provost) à la famille de Ponfilly, la quasi totalité de la paroisse de Saint-Briac appartient aux Pontbriand, à quelques exceptions près (comme la Ville Nisan ou le Bois Pertuis).

 

CONCLUSION : La HOULE de la REVOLUTION à NOS JOURS

Quand la Révolution éclate en 1789, La Houle et La Garde sont l’héritage de Sylvie de BRUC, la fille de Sylvie du Breil, mariée au comte de BRUC. La famille de BRUC émigre en 1792 à Jersey. La même année, l’Assemblée Législative décide la confiscation et la vente des biens des nobles émigrés. Ainsi La Houlle et La Garde deviennent des biens nationaux et sont mis en vente. En 1794, elles sont acquises en un seul lot par un consortium de Briacins.En 1797, nouvelle mise en vente de ce lot, qui est acheté par JEAN COLLET (né Jean Collet de la Villecollet, 1754-1837), d’une famille de négociants malouins. A son décès, cet ensemble passe à sa fille JEANNE-MARIE, mariée à Jean-Michel PICHOT, promoteur immobilier à Dinard et propriétaire du manoir du Guildo. Au décès de Jeanne-Marie en 1873, La Houlle et La Garde vont suivre deux destinées séparées.

Le domaine de La Garde passe à sa fille EMILIE, épouse de Me Joseph MINIAC, notaire à Bécherel. Les landes sont louées en 1890 aux créateurs du « Dinard Golf », qui achètera ces terrains en 1911. La ferme de La Garde est vendue à son décès en 1942.

Le domaine de La Houle passe à son petit fils EMILE PICHOT, sieur de Vauméloisel et propriétaire à Saint-Briac du château de Ker Nizan (1867-1915).

C’est l’époque où le quartier de La Houle devient un site balnéaire recherché.  Les terrains de la ferme sont vendus parcelle par parcelle pour ouvrir le boulevard de La Houle, créer un jardin public, ou encore construire des courts de tennis, des villas le long du boulevard de la Mer et le château du Nessay. Après Emile Pichot, son fils PIERRE PICHOT du MEZERAY hérite de ce qui reste en 1957, soit 7 ha, vendus dans les années 1960.

Ainsi se termine la destinée de l’ancienne seigneurie de La Houlle, devenue un quartier balnéaire très prisé. Qu’en reste-t-il aujourd’hui à Saint-Briac, en dehors du nom ? C’est ce que montrent les photos de la page suivante : le corps de logis de l’ancienne métairie (situé derrière l’hôtel de La Houle), le pied « en coquetier » du moulin de La Houle, le jardin public non bâti, les ruines du « four banal » (dans un jardin de la rue du Four de La Houle), les restes du mur de pierres qui entourait la propriété.

Alain Pichot du Mézeray

 

 

 

Corps de logis de l’ancienne métairie    Moulin de La Houle tel qu’il était encore début du XXe siècle

Le jardin public était une ancienne terre de la Métairie

PETIT PATRIMOINE, UN INVENTAIRE

 La protection et l’entretien du « petit patrimoine » de Saint-Briac figurent dans le programme municipal proposé en 2020 pour les années à venir. Mais que recouvre ce terme ? Il n’existe pas de définition officielle du « petit patrimoine ». Appelé aussi « patrimoine vernaculaire » (dans le sens de « tout ce qui est particulier à un pays »), il comprend l’ensemble des petites constructions et aménagements à usage fonctionnel ou culturel liés à la vie quotidienne de nos anciens. Je n’aime pas ces qualificatifs de « petit », à connotation réductrice, ou de « vernaculaire », quelque peu prétentieux, mais prenons les tels qu’ils sont utilisés pour définir un aspect de notre patrimoine qui nous paraît  si essentiel, une part de l’âme du village.

Ces éléments du patrimoine bâti n’ont pas, comme les châteaux et cathédrales, la possibilité théorique de devenir « protégés » par un classement aux Monuments Historiques. Et ils sont particulièrement vulnérables, car confrontés à des problèmes de non-utilité matérielle ou de fin de mode dans le monde actuel.

Pour mieux appréhender notre petit patrimoine briacin et la tâche qui nous attend pour le protéger, il faut commencer par en faire un inventaire et état des lieux.

 

1- Mosaïques :

Saint-Briac

Saint-Briac a la particularité de posséder un élément de son petit patrimoine malgré tout inscrit depuis 2014 à l’inventaire des Monuments Historiques.La façade  de l’ancienne épicerie  « La Providence »,au n° 2  rue du  commandant Thoreux, est réalisée vers 1925  par le mosaïste  d’origine italienne, établi à Rennes, formé  aux Beaux-Arts, Isidore Odorico,célèbre  pour  avoir  allié  cette technique ancestrale à la vogue de l’art-déco entre les deux guerres. La façade, qui se fissure en plusieurs endroits,  a un besoin urgent de réfection, et l’immeuble appartient à la commune.

Le village abrite  d’autres  réalisations  du mosaïste moins  spectaculaires ;  principalement  un   cadran solaire sur la maison du n° 14 rue Croix des Marins et la décoration du hall d’entrée de la Poste. Ainsi que plusieurs sols de boutiques à La Houle.a la particularité de posséder un élément de son petit patrimoine malgré tout inscrit depuis 2014 à l’inventaire des Monuments Historiques.

 

 

2- Petit patrimoine religieux :

  1. a) Les croix sont au nombre de 12, réparties sur le territoire communal.

–Croix monumentales

– Croix du cimetière, simple, en granite, gravée 1715, autrefois devant l’église.

– Croix du calvaire des marins. Dans sa configuration actuelle, elle date du milieu du XIXe, lorsque le recteur Rosty et l’abbé Baslé firent rassembler en tas les pierres mégalithiques éparses de l’ancien dolmen à cet endroit, puis remplacèrent en 1860 la vieille croix en bois  par une plus grande en granite. Le Christ, tournant le dos à la mer, veille sur le village depuis 1894.

–Croix de villages :

La Chapelle. La simple croix en bois à un angle de la rue saint Pabu remplace depuis 1993 celle du XVIIIe portant un Christ et abritée maintenant dans l’église (transept). Elle rappelle la légende de l’oratoire du moine Briac au VIe siècle. Le socle en granite porte trois dates de missions (1818, 1840, 1864).

La Négrais et La Ville Etoire (toutes deux de 1927)

Le Buot. En réalité un monument funéraire de l’ancien cimetière autour de l’église, déplacé vers 1865 pour servir de croix au hameau.

La Houlette.

La Ville Nizan, sur le tertre dominant le Frémur.

L’ancien hameau de La Croix ; la croix en granite se trouve devant le n° 2 rue de Pleurtuit. Elle a donné son nom au hameau.

–Croix de chemins :

Croix des marins, en granite, sur la falaise entre grande et petite Salinettes.

Croix du Tertre Girault, en granite, datée 1908 (il y avait auparavant une croix en bois). Le site, l’un des plus beaux de Saint-Briac, en manque d’entretien (broussailles), et défiguré par une haute antenne métallique, a besoin d’une sérieuse reprise en mains.

Croix rue de Pleurtuit, devant la Vigie (début XXe?).

  1. b) Le petit patrimoine de l’église :

–La plus grosse des quatre cloches est offerte à la paroisse en 1690 par le seigneur de Pontbriand; elle porte ses armoiries et la gravure : « Marie-Louise, nommée par H. et P. Louis Dubreil chevalier comte de Pontbriand, supérieur et fondateur de Saint-Briac et dame Marie Briand dame de Pontual, Missire Nicolas Bouexel recteur de Saint-Briac, Julien Henry sénéchal ». Les trois autres, plus petites, sont de 1914.

–Quatre pierres sculptées de poissons sur le chevet proviennent de la seconde église bâtie en 1671 et rappellent qu’elle fut en partie financée par un prélèvement sur le produit des pêches briacines.

–Le bénitier en granite, avec en son fond deux poissons sculptés, doit provenir de la première église du XIIe siècle. Les poissons sont un symbole des premiers chrétiens.

–Un saint Michel en bois du XVIIIe orne le dessus de la chaire.

–La maquette de vaisseau de guerre suspendue au plafond est un ex-voto de la femme d’un marin parti à la guerre de Crimée (1854-55) et revenu sauf.

–Les vitraux ont été inscrits en 1980 aux « objets mobiliers monuments historiques » : 8 représentent la vie légendaire de Briac (atelier Champigneulle, Paris, vers 1900), 2 verrières de l’atelier Alleaume (Laval, 1928), 6 vitraux non signés dans le choeur et le transept nord.

–Le tabernacle est décoré d’émaux du grand émailleur  Paul Grandhomme (vers 1930).

–L’orgue, fabriqué en 1881 en Angleterre, est installé dans le transept gauche (2016).

c)La chapelle de l’Epine, située au sud de la commune.

La vieille chapelle frairienne saint-Ada, qui daterait de 1565, en ruines, est reconstruite en 1688 par le seigneur de Pontbriand et rebaptisée « Notre Dame de l’Epine », à la suite du miracle attribué à une statue de la Vierge trouvée dans un buisson d’épine.  A nouveau en ruines elle est restaurée en 1833, puis encore au XXe siècle. Elle fait l’objet d’un pèlerinage annuel. C’est un édifice privé, entretenu par son propriétaire.

 

3-Petit patrimoine funéraire :

  1. a) Le monument aux morts. Face à l’entrée de l’église, là où se trouvait l’ancien ossuaire, il est conçu par le sculpteur Armel Beaufils en 1922. La stèle de granite porte à son sommet deux profils de soldats symbolisant l’union des générations et des armes. Au dessus, la croix de guerre est ornée de feuilles de chêne (la force), de laurier (la victoire) et d’olivier (la paix). A sa base, en pierre de Bourgogne, se trouve la représentation en bas-relief d’une femme agenouillée, en coiffe briacine et costume.

Un monument aux trois morts américains lors de la libération de Saint-Briac le 15 août 1944, placé au dessus du Béchet, est également du à Armel Beaufils, stèle ornée d’un médaillon en bronze représentant un profil de G.I.

 

  1. b) Le cimetière. Autrefois dans l’enclos paroissial (supprimé en 1868), il est transféré en 1849 à son emplacement actuel, mais véritablement opérationnel plus de 10 ans après. Il n’abrite donc que très peu de tombes anciennes. Un inventaire des tombes les plus remarquables doit être fait ; mais on peut en proposer un premier relevé :

–Tombes d’artistes non originaires de Saint-Briac mais ayant souhaité y être enterrés. Le sculpteur Armel Beaufils (1882-1952, une statuette en bronze de sa femme Zannick orne sa tombe), l’émailleur et sculpteur sur nacre Paul Grandhomme (1851-1944, une statuette en bronze de Beaufils est sur sa tombe), sa fille Julie Nozal (1880-1966, gravure sur bois, bas-relief en bronze), la peintre américaine Florence Esté (1859-1926), le célèbre illustrateur breton Théophile Busnel (1843-1918).

–Tombes de membres du clergé décédés à Saint-Briac. Malgré la décision du conseil municipal en 1849 d’interdire tous monuments dans le nouveau cimetière, une chapelle mortuaire est édifiée en 1862 pour les recteurs et abbés morts dans le village (elle abrite les recteurs Rosty et Chapel et des abbés comme les pères Baslé et Roux). A côté, une concession gratuite  est attribuée en 1882 aux sœurs de la Sagesse  décédées à Saint-Briac; une simple croix et son support en pierre portent neuf noms  que le temps a rendu difficiles à déchiffrer. Chapelle et tombe ont besoin d’être restaurées.

–Tombes de personnalités briacines. Des maires dont les longs mandats ont marqué le village, comme Guillaume Buot (maire de 1848 à 1878), Alexis David (1945-1965) ou Gaston Dambreville (1931-1943). Des Briacins comme le commandant Pierre Thoreux (1890-1971) ou le simple marin Adrien Gautier (1886-1910), au tragique destin et dont la tombe fut réhabilitée en 2012.

–Tombes aux particularités architecturales remarquables. La tombe de la famille Gautier est un gros bloc de granite rectangulaire, haut d’environ un mètre (n°50); sur l’une des faces sont gravés de nombreux noms de « péris en mer », symbole fort du passé maritime de Saint-Briac. D’autres inscriptions sur des tombes évoquent les capitaines au long cours. Quelques monuments d’envergure en marbre blanc sont à retenir (n°53 par exemple). Venant de l’ancien enclos paroissial, une sépulture au n°154 (Ollivier-Buot).

 

4-Petit patrimoine « d’usage » :

Il recouvre ces éléments de la vie publique indispensables à nos anciens, qui, même peu ou pas utilisés aujourd’hui, restent des témoignages forts de notre culture et encore symboles de notre vie quotidienne.

  1. a) Le petit patrimoine lié au pain. Jusqu’au XIXe siècle inclus, le pain est la base de l’alimentation briacine. Les céréales sont la culture principale et il faut les transformer en farine, puis en pain. Les moulins avaient une telle importance qu’ils figuraient sur les cartes anciennes au même titre que les châteaux, manoirs et églises.

–Les moulins. Saint-Briac en a compté jusqu’à sept ! Il en reste aujourd’hui quatre debout, devenus habitations. Les plus anciens sont ceux de La Houle et de La Marche.

L’original pied dit « en coquetier » du moulin de La Houle est daté 1696 ; mais c’est une date de reconstruction, car l’existence de ce moulin est avérée bien avant. Il appartenait à la seigneurie de La Houlle, dont les sujets avaient obligation d’y faire moudre leurs grains contre une redevance appelée « banalité ». Loué puis appartenant à des meuniers, il a fonctionné jusqu’en 1908. La Marche était un fief des seigneurs du Breil de Pontbriand, le moulin est mentionné en 1682 dans leur acte de Réformation.

L’important moulin à marée de Rochegoude est conçu fin du XVIIIe siècle, reconstruit début XIXe ; il connaît ensuite de 1818 à 1959 une longue et fructueuse exploitation. C’est l’un de ses meuniers, François Burgot, qui construit non loin, seconde moitié du XIXe, le moulin à vent de Bellevue pour accroître ses capacités. Les deux moulins sont devenus habitations, vers 1930 pour Bellevue, en 1962 pour Rochegoude.

–Les fours à pain. La pâte une fois préparée par les femmes, il faut la cuire et il n’existe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle qu’une seule solution : le four seigneurial, situé un peu à l’écart des habitations et géré par un fournier, contre redevance comme pour les moulins.

 

Le four est une petite bâtisse rectangulaire ou ovale, aux murs épais en maçonnerie plus ou moins sommaire, terre et pierres ; la profondeur de l’espace de cuisson, accessible par une ouverture, est de 2 à 2,5 mètres. Le four est chauffé au feu de bois plusieurs heures, puis nettoyé ; les gros pains ronds sont cuits pendant deux heures dans la chaleur obtenue, pour plusieurs familles ensemble, une occasion de bavarder.

Comme les moulins, ces fours se trouvaient près des métairies seigneuriales. Ceux qui existent encore sont dans des propriétés privées, en plus ou moins bon état. Ainsi, ancienne métairie de La Garde (en bon état, avec fournil), rue du Four (en ruines), Beaurepaire (mauvais état) et Ville Nizan (restauré). Seul celui du Bourg est visible de tous ; en ruines, il se trouve sur le parking du Centre, accolé à la petite maison du 8 rue des Préaux. On devine sa forme, ses dimensions et son ouverture. Est-il envisageable de le restaurer, tant sa valeur patrimoniale est grande : c’est là que tous les habitants du Bourg cuisaient leur pain.

Des fours communaux du XXe, il reste derrière le presbytère un joli four de briques, devenue petite maison (baptisée « le four »), ainsi que, proche de la cantine scolaire, un fournil réaménagé en petit salon de thé par les Romanov.

 

  1. b) Le petit patrimoine lié à l’eau. Plus importants encore que les fours, et en l’absence de ruisseaux en nombre suffisant ou de dispositifs pour recueillir l’eau de pluie, les puits étaient nombreux à Saint-Briac. Le plus grand nombre se trouve sur des terrains privés, avoir son propre puits était signe d’aisance. On peut estimer entre 30 et 40 ceux qui étaient « publics », c’est-à-dire communs à un hameau ou un groupe de maisons. Dans la valeur d’un logis figurait alors dans les actes « le droit au puits ».

Parmi ces puits « publics », il n’en existe pas à Saint-Briac que l’on puisse qualifier de  remarquables par leur architecture. Les plus élaborés ont un toit en maçonnerie,  arrondi ou plat, avec une porte d’accès en bois. Par exemple : le Buot, le Domaine, la Ville Etoire, la Ville Brunet, le Champ Fleury, la Houlette, la Ville-aux-Samsons, La Chapelle, le Bourg (ancien hameau de la Croix). Les plus jolis puits se trouvent dans les jardins de villas et plus ou moins visibles depuis la rue ou le chemin, autant œuvres d’agrément que d’usage.

Quelques puits ne sont visibles que par la pompe à main en fonte qui les surmonte. Par exemple, dans le jardin du Couvent de la Sagesse, à la Négrais ou à Macherel.

                             Exemples de puits à toit maçonné et porte bois : le Buot, le Domaine

 5-Aménagements architecturaux :

Ils ajoutent du caractère au « grand » patrimoine, mais avaient un usage précis. En cas de travaux, il faut veiller à les protéger.

–Les linteaux sculptés. Saint-Briac a cette particularité d’être l’un des villages de Bretagne comptant le plus de linteaux sculptés, 40 recensés à ce jour. Si le Bourg en abrite 7, la majorité se trouve en zone sud, 25 dont 6 au Vaupiard. L’inventaire en a été fait.

Les lettres sont sculptées en relief dans un bandeau horizontal creusé dans le granite ; les textes se ressemblent : sur deux lignes, ils commencent souvent par les lettres BPM (bâtie pour moi), suivies des noms des deux personnes propriétaires (parfois un seul nom ou simplement des initiales), puis l’année de construction.

La pratique se développe avec les reconstructions en pierre des vieilles maisons en bois et torchis ; les dates gravées vont de 1606 à 1825, la très grosse majorité au XVIIIe siècle. Les maisons concernées sont principalement celles de marins, presque les deux-tiers. Affirmer sa réussite ? Mais aussi son savoir lire et écrire ? Suivre une tradition familiale ? Laisser une trace pour ses descendants ? Et comment expliquer que les marins du XIXe siècle n’ont pas poursuivi cette tradition ?

–Les aménagements de toitures.

Les toits à « revers de pierre » (pignons débordants en hauteur) témoignent du remplacement du chaume (épais et à bien caler sur les côtés) par l’ardoise sur une même charpente. En cas de réfection de la toiture, il faut veiller à conserver ces revers de chaque côté du toit. S’il n’y en a pas, la maison a probablement été rehaussée d’un étage avant la pose des ardoises (mi XIXe, la moitié des maisons avaient encore un toit en chaume et pas d’étage habitable).

Les lucarnes sont un élément fort du petit patrimoine architectural et leur usage ancien était important. Il en existe surtout de  deux types à Saint-Briac : « engagées » (base débordant sur la façade), et « à croupe » (en relief sur la toiture). Leur point commun, sauf rares exceptions, est leur simplicité, sans décors ni formes ouvragées, qu’elles soient en bois ou pierre (les moins anciennes, fin XIXe, peuvent avoir un entourage en briques). Elles sont au nombre d’une ou deux par toiture en façade, trois en cas de « maison de capitaine ». Leurs cousines, les gerbières, plus grandes et une par toiture, témoignent d’un passé agricole plus marqué. C’est par les lucarnes et gerbières qu’autrefois on accédait par des échelles aux combles, où étaient stockées les réserves de la maison.

Les combles ont été depuis aménagés en espaces habitables. Beaucoup de lucarnes ont souffert de ces transformations, soit élargies de façon non traditionnelle, soit supprimées et remplacées par d’autres types d’ouvertures. Certaines ont été dotées de volets roulants en PVC ! Attention à mieux veiller à ces travaux souvent réalisés sans déclaration préalable, qui finissent par défigurer le patrimoine ancien.

                                           Exemples de lucarnes et toits à revers de pierre du XVIIIe siècle

6-Petit patrimoine maritime :

L’activité autour des bateaux, pourtant si importante, n’a finalement laissé que peu de traces bâties à Saint-Briac. Les chantiers de constructions et réparations navales étaient en plein air. Le port d’échouage ne nécessitait que peu d’aménagements. Le petit patrimoine maritime comprend donc essentiellement les balises, cales et corps de garde.

–Balises. L’entrée du port n’est pas simple ; et pourtant l’installation de balises est tardive. Les quatre premières semblent, d’après les cartes d’époque, dater du XVIIIe (La Bouche, l’Ane, Gravelouse et Cheruette). Les quatre autres n’ont été posées que seconde moitié du XIXe siècle ! Ces balises en bois, fixées sur des rochers, ont été immortalisées par les peintres Paul Signac et Henri Rivière, dans les années 1885-90. On n’imagine plus accéder aux mouillages sans l’aide des balises.

–Les cales. Elles sont également tardives. Les bateaux s’échouaient et des charrettes venaient sur le sable les charger ou décharger. La cale la plus ancienne est celle dite « à Chatelier » (mi XIXe), à l’entrée du Béchet, à l’époque surtout utilisée par les pêcheurs car il n’y avait pas d’accès à une voie carrossable. Vers la même période, une autre cale est construite le long du Nessay, mais rapidement laissée à l’abandon car jugée peu commode à utiliser ; il n’en reste que quelques traces. La cale, dite « à Ménard » (du nom du marchand de charbon qui l’utilisait encore entre les deux guerres) date des années 1870.

Une jetée au Petit Port, pour protéger les bateaux des vents et du courant, est demandée dès 1875, avant sa construction par les Ponts et Chaussées (vers 1895?). Fragilisée par les tempêtes, elle est à restaurer comme un élément du patrimoine briacin.

–Les corps de garde. Dès le XVIe siècle, le roi demande aux paroisses littorales bretonnes d’aider à la protection des côtes contre l’ennemi héréditaire anglais. Le littoral est divisé en « capitaineries », celle des du Breil de Pontbriand pour ce qui nous concerne aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les contributions étaient essentiellement la levée, l’équipement et l’entraînement d’une milice garde-côtes ainsi que l’établissement de corps de garde et de batteries de canons le long des rivages.

Les quatre corps de garde que connut Saint-Briac furent du type de ceux de la côte nord de Bretagne : petits bâtiments de forme rectangulaire basse, allongée et étroite, murs épais (pour servir aussi de poudrières), voûte en berceau plein cintre, toiture en pierres plates, une cheminée. Le plus ancien était sur la Garde Guérin  depuis le début du XVIIe siècle, poste d’observation et d’alerte ; ses ruines furent évacuées par les Allemands en 1942-43 lors de la construction des blockhaus. Le même sort fut réservé à celui du Perron, qui disposait d’une batterie de canons. Il reste donc un corps de garde pointe de La Haye, dans une propriété privée, dont la toiture a été mal restaurée. Celui du Nessay date des années 1730 et a été transformé en chapelle par le constructeur du château en 1881 : modification des ouvertures, croix et petit campanile ; bien restauré en 2018 par le nouveau locataire des lieux, il est protégé comme « repéré à l’inventaire ».

Proche de ce corps de garde se trouvent deux vieux canons sur leurs affûts restaurés. Faisaient-ils partie autrefois du dispositif de défense de la capitainerie au XVIIIe siècle ?

7-Petit patrimoine balnéaire :

  « L’intrusion » balnéaire qu’a connu Saint-Briac entre les années 1870 et 1930 a doté le village d’un nouveau patrimoine, qui possède lui aussi son petit patrimoine.

–Les cabines de la Salinette. La pratique des « bains de mer », fin XIXe/début XXe, s’accompagnait obligatoirement de cabines de bain, fixes ou roulantes. Les premières cabines apparaissent sur le Port-Hue (où elles ont disparu), puis sur la Salinette (années 1890), où elles se sont développées en nombre et sont toujours là. Elles sont plus d’une centaine qui se ressemblent et sont régulièrement remplacées par des constructions de même aspect : bois peint en blanc, y compris la toiture à deux pentes, formant une rangée homogène et spectaculaire, l’une des images fortes de Saint-Briac. Si les emplacements sont communaux (en location), les cabines appartiennent aux locataires, qui se doivent de les entretenir ou changer dans l’esprit, sous peine de perdre leurs droits.

Ce patrimoine a bien failli disparaître ! Le conseil municipal vote en juin 1984 un projet qui prévoit 140 cabines bétonnées (telles celles du Béchet, construites en 1975). Ce projet n’a heureusement pas vu le jour devant les protestations provoquées.

–Le collecteur entre les deux Salinettes. Chacun le connaît, pour aller d’une plage à l’autre ; il sert aussi de débarcadère au Yacht-club, dans les deux cas à marée basse. Quel progrès ! On n’évacuait plus ses déchets sur la plage, mais un peu plus loin en mer ! Symbole d’une époque… C’est devenu malgré tout un élément du petit patrimoine briacin depuis qu’il ne sert plus aux eaux usées. En mauvais état, il pourrait être réhabilité (et un peu élargi ?) pour servir de petite digue-promenade entre les deux plages.

–La gare du train. De 1901 à début 1929, le petit train venant de Dinard dessert la côte. Son terminus est la gare de La Houle, très typique de ces modestes stations de campagnes. Pas de quai, le train s’appelait tramway car roulant sur des rails intégrés à la chaussée. Avec son ancien débit de boissons accolé, la gare devenue habitation est restée telle qu’elle était (n° 5 boulevard de La Houle). A protéger.

–La digue de Longchamp : partagée avec Saint-Lunaire, construite par une société de promotion immobilière en accompagnement d’un ambitieux projet d’urbanisation finalement non réalisé, elle a été cédée gratuitement aux deux communes en 1983, son entretien ne pouvant plus être assuré par le constructeur. De gros travaux ont été réalisés en 2018.

Premières cabines à la Salinette (vers 1895). Elles ont servi de modèle aux suivantes.

8-Petit patrimoine artistique (œuvres) :

Saint-Briac est pauvre dans ce domaine. Très peu d’achats d’œuvres d’art par la commune. Pas de sculptures monumentales, anciennes ou contemporaines. On ne peut mentionner que quelques œuvres d’Armel Beaufils, ou attachées à son nom :

–Fronton de la Poste. Bas-relief en pierre représentant un trois-mâts, sous voiles, en hommage au passé maritime du village (1937).

–Monument à la Grande Duchesse. Boulevard de la Mer (1937), en souvenir du passage des Romanov à Saint-Briac.

–Don par Armel Beaufils à la commune d’un tableau d’Alexandre Nozal.

–Bas-relief en bronze sur le portail du n° 2f boulevard de la mer, représentant un grand voilier

–Monument à Armel Beaufils dans le jardin public (1969), conçu et financé par sa veuve Zannick.

–Donation Beaufils. La commune accepte en 1976 la donation d’un fonds d’atelier du sculpteur, confirmée par le legs de Zannick en 1978. Ce sont essentiellement des plâtres, dont quelques uns sont exposés dans l’ancien presbytère et à la mairie. Legs évalué en 1983 pour intégration au patrimoine de la commune.

–Tableau offert par la peintre américaine Florence Esté. Longtemps exposé dans la salle des mariages de la mairie.

On peut rattacher au domaine artistique une œuvre majeure : l’original du premier cadastre, dit napoléonien (car initié par l’Empereur pour toute la France), établi en 1828 pour Saint-Briac. Pièce si importante pour comprendre l’histoire du village, c’est également un véritable travail d’artiste : dessins à la plume, aquarellés. Il est dans un état déplorable, et mérite une restauration (ce qui a été fait dans d’autres communes voisines). Il pourrait ensuite faire l’objet d’une exposition commentée au public.

Section patrimoine du Cercle des Amis de Saint-Briac et de la côte d’Emeraude

Adhésion

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